Pas par snobisme, pas par conservatisme, mais par pur pragmatisme.
Les startup ? C'est de l'hypnose collective à grande échelle !
Anatomie d'une startup
Commençons par la définition officielle. Selon la Mission French Tech (gouvernement français) : "Une startup technologique est une jeune entreprise innovante, qui développe une solution technologique pour créer de nouveaux usages, services ou produits avec une ambition de forte croissance."
Traduisons : une organisation temporaire en quête d'un business model rentable, caractérisée par une phase d'expérimentation et de recherche de scalabilité.
À l'opposé, une PME compte entre 10 et 49 salariés, possède un modèle économique établi et stable, avec des activités quotidiennes définies et connues. Elle vise à répliquer un modèle économique qui fonctionne.
La différence ? L'une expérimente, l'autre exécute. L'une cherche, l'autre trouve.
Les vrais chiffres (sourcés)
Les statistiques sont implacables. En 2025, la France compte 16 200 startup selon l'INSEE et Bpifrance. Voici ce qui leur arrive :
Le massacre des innocents :
- 60 à 90% des startup ne dépassent pas 5 ans d'existence
- Moins de 1% accèdent au statut de scale-up chaque année
- Seulement 120 startup deviennent des scale-up annuellement
Le bûcher des vanités :
- Total des levées au S1 2025 : 2,8 milliards d'euros (-35% sur un an)
- Les méga-tours s'effondrent de 87%
- 70% des startup lèvent moins de 5 millions d'euros
Quelques exemples ? WeWork, valorisée 47 milliards de dollars en 2019, s'effondre à 8 milliards lors de son introduction en bourse (-83%). En France, Captain Train lève des millions pour "révolutionner" la réservation SNCF... et finit rachetée par la SNCF elle-même. Fallait-il vraiment tout cet argent pour faire un site de réservation ?
Dans les deux cas, les fondateurs se sont personnellement enrichis. Mais pour quel apport sociétal ? Les entreprises n'ont-elles pas aussi un rôle social ? Créer de l'emploi durable, servir leurs clients, contribuer à leur territoire... plutôt que d'optimiser la sortie des fondateurs au prochain tour de table.
Le modèle inversé :
Pendant que 30% des startup survivantes sont autofinancées, les autres appliquent la logique inversée : financement → produit → client. À l'opposé du bon sens business qui veut qu'on trouve d'abord un client, puis qu'on développe le produit, et enfin qu'on cherche le financement pour scaler.
AirBnB, BlaBlaCar, Uber ? Oui, ils existent. Ce sont les exceptions qui confirment la règle. 1 sur 100 000. Autant jouer au loto.
Donc c'est clair : je bosse pas avec les startup
Pourquoi perdre mon temps avec une organisation qui a 9 chances sur 10 de finir dans le mur avant 5 ans ? Pourquoi conseiller des dirigeants sur un business model qu'ils n'ont pas encore trouvé ?
Attention, je n'ai rien contre l'innovation. Mais innover ne signifie pas brûler de l'argent en espérant tomber sur un business model. Les PME innovent aussi : elles améliorent leurs process, adaptent leurs produits, optimisent leurs services... mais toujours avec un client qui paie au bout. La différence ? Elles innovent pour résoudre un problème réel, pas pour impressionner un comité d'investissement.
Mon job, c'est d'aider des entrepreneurs à développer leur entreprise, pas à jouer au casino avec l'argent des business angels.
Les startup, c'est l'art de convaincre un investisseur de financer une idée avant d'aller voir si un marché existe réellement pour cette idée. C'est mettre la charrue avant les bœufs, version XXIe siècle.
Avec qui je bosse : les entreprises de la vraie vie
Je travaille avec des PME. De vraies entreprises, avec de vrais clients, de vrais revenus, de vrais problèmes... et de vraies solutions.
Hier, en me baladant sur "les Internet", je tombe sur une entreprise que je ne connaissais pas : REBOAT, créée en septembre 2024 à Lorient. Activité : reconditionnement de voiliers (NAF 33.15Z - réparation et maintenance navale). Concept : transformer des voiliers anciens en unités modernes et performantes. Capital : 250 000 euros. Trois cofondateurs expérimentés.
Je ne travaille pas avec eux, mais c'est exactement le genre d'entreprise pour laquelle j'ai envie de bosser. Ces gars-là ont compris. Ils sont dans le dur, dans le réel. Pas dans la frime et la levée de fonds.
Ils méritent largement qu'on s'intéresse à eux : www.reboat.com et leur profil LinkedIn.
REBOAT, c'est quoi ? Une entreprise qui a identifié un marché (les plaisanciers), un besoin (des bateaux fiables et durables), une solution (le reconditionnement), et un business model (récupérer + rénover + revendre). Point.
Pas de "phase d'expérimentation". Pas de "recherche de scalabilité". Pas de business angels à convaincre avec des pitch decks interminables. Du concret, du pragmatique, du rentable.
Voilà la différence entre une startup qui cherche son marché et une PME qui l'a trouvé.
Conclusion
Je ne critique pas l'innovation. Je critique l'illusion qu'être innovant suffit à créer de la valeur. Entre une idée brillante et un business rentable, il y a un monde : celui du marché, des clients, de la concurrence, des contraintes opérationnelles.
Les PME l'ont compris depuis longtemps. Elles innovent dans leurs process, leurs produits, leurs services... mais toujours avec un pied dans la réalité économique.
Alors oui, je bosse avec les entreprises de la vraie vie. Celles qui ont des clients avant d'avoir des investisseurs. Celles qui génèrent des revenus avant de lever des fonds.
C'est moins sexy qu'une licorne, mais c'est nettement plus rentable à terme.